Szerelem, Monique
Szerelem, Monique
Lorsqu’il a commencé à écrire le scénario du Patient Anglais,
Anthony Minghella écoutait la musique du groupe de revival
hongrois MUSIKAS et sa chanteuse Marta Sebestyén.
C’est autour de la voix féminine du si beau chant funèbre
«Szerelem, Szerelem» (Amour, Amour) aux sonorités étrangement
arabes que je vous livre ces quelques mots écrits dans l’émotion du
jour même de la disparition de Monique.
ORAISON
Le 14 février, Monique a entendu l’appel de tous ceux qui l’ont aimé et qui ne sont plus, l’inflexion de ces voix chères qui se sont tues. Elle les a rejoints dans l’au-delà, le lendemain.
Monique, avait elle aussi une voix aux inflexions chères, rassurantes et chaleureuses. Cette voix était le témoin d’un esprit juste et généreux.
Monique pouvait dire des choses diablement sérieuses sur un ton gai, et des choses légères sur un ton grave. Peu importait, en fait, car nous connaissions tous son égalité d’humeur et, surtout, sa qualité d’âme, ne médisant pas sur autrui et ne parlant jamais pour ne rien dire. Cela s’appelle de la pudeur et cette qualité est rare.
Monique, sous son apparence si fragile, était un point d’accroche on ne peut plus solide pour toute la famille. C’était un roc, très sûre dans ses choix et ses valeurs.
Très fidèle aussi : non seulement envers elle-même par la constance de son caractère, mais aussi fidèle en amitié, à son époux, à ses enfants et petits-enfants.
Fidèle, enfin, à sa demeure de Saint Chelly à laquelle elle était viscéralement liée.
Car derrière la parisienne aux cheveux rouges, originale et curieuse, Monique se révélait aussi fort attachée à la profondeur des relations humaines, à ce qu’on dénomme aujourd’hui le terroir.
Fidèle, enfin à son art de soigner les autres et nous savons tous combien Monique excellait et était reconnue par ses pairs comme une grande spécialiste. Bien après l’âge auquel tant de personnes rêvent de profiter de leur retraite, Monique n'a jamais cessé de se donner à ses patients, active, incroyablement active, tout en semblant ne pas s'agiter.
Mon souvenir préféré (et réitéré) est celui de sa capacité à improviser un excellent diner avec trois fois rien, quelques condiments qu'elle cloquait négligemment dans une marmite et d'où émanaient pourtant à l’instant même des volutes exquises aux parfums du Maroc, son pays de naissance, ne l'oublions pas.
Bienveillante, bonne vivante et gaie, Monique nous régalait. Pour ma part, comme un jokari qu'on envoie trop loin, je revenais toujours de mes lointains voyages au 18 rue Bausset, trop content d'y retrouver Monique, son affection, un fond de Chinon et 3 rogatons délicieux. Avec 3 fois rien, Monique offrait tout.
Formidable Point d'ancrage de la famille, je sais que le meilleur moyen de lui témoigner que nous avons compris son message d’amour est que nous tous, réunis physiquement ou par la pensée pour ce dernier hommage, gardions ce contact humain, cette proximité indéfectible des cœurs malgré l’éloignement.
Ainsi soit-il.
PS : merci de m’envoyer vos plus belles photos de Monique sur antoine@volumondu.com
Album photo (à compléter !) ici