Grandeur de la modestie de Kea

C’est avec a l’esprit ce mot historique que j’ai aborde Kea (ou Tzia),

la plus septentrionale des iles des Cyclades.


En cette fin juillet, en pleine vague de chaleur, alors que tous

annoncaient un rush des atheniens vers cet ilot de fraicheur,

j’ai soudain debarque sur une autre planete, magique et

ensorcelante. Le ferry venait a peine de rentrer dans la rade de Aghios Nicolaos que, seul sur le pont a regarder la manoeuvre des matelots, je les ai entendues...


Qui ? Les Nymphes, celles de la mythologie passée, mais qui, j’en etais stupefait, me chantaient au present. Ces naïades celebraient-elles mon arrivee, retour d’un Ulysse amnesique ne sachant plus d’ou il vient ? Le fait est que, bien mysterieusement, mais de maniere envoutante, leurs chants m’enveloppaient. Cela ressemblait au bruit que fait le doigt mouille courant sur le pourtour d’un verre en cristal. Une vibration dans l’air, une harmonie, forte, partout et nulle part. Comment se fait-il que l’entree en resonnance des machines d’un navire puisse produire un tel son... Une corde qui se tend, le vent dans les filins ? Je preferais accepter le mystere mais trouvais cet accueil a la hauteur du mysticisme des lieux.


A l’invitation de Lykourgos P. “qui possede presque tout l’ile”, nous voici a pied d’oeuvre, Siga Siga et moi. A nous les chemins de crêtes, les vallons profonds, les plages isolees. On m’octroie une charmante petite maisonnette (le pleonasme vaut bien ici). Je recois comme barda une carte d’etat-major, je branche mon GPS et apres quelques premiers conseils sibyllins (“allez vers la et vous verrez...”), me voila par monts et par vaux. Adieu vaches, cochons !


Le meltem, vent étésien que les habitants des Cyclades appelent aussi “o kareklatos” (celui qui pousse les chaises), pousse justement ma boite a chaussures. De l’air, de l’air ! Il fait sec et bon malgre les 38 degres a l’ombre. Mais quelle ombre ?!? Apres la huitieme chapelle, le cinquantieme four a chaux et le troisieme ane, je tourne a gauche et descend une pente abrupte que meme un muletier refuserait d’emprunter. Gloups... Il faudra remonter tout cela a la force du vilebrequin. Et c’est LE CHOC.


Le paysage est grandiose. J’arrete le moteur et ouvre la porte, ou plutot, le vent me l’arrache des mains. Je dois m’asseoir sur les fesses pour prendre mes photos tellement cela souffle.


Je rentre moulu apres 5 heures de balade. Je suis invite a diner, ma tete dodeline, je reponds poliment aux questions. Je suis sonne par la grandeur... de la modestie de l’ile. Le lendemain, je m’octroie un peu de repos et goutte a une plage sauvage avant de grimper cette fois a pied a la Khora, la vieille ville de Ioulidha perchee dans la montagne comme un nid d’aigle.


Allez, je laisse les images parler d’elles-memes. Sto kalo (a bientot) !


Ah, j’oubliais, Siga Siga est tombee amoureuse d’un bel italien de dix ans son cadet et un peu “grunge” entre les cardans (voir les dernieres photos). Encore un amour de vacances qu’il faudra quitter...

KEA  x  4x4