Alger, Icosium... Connue depuis des siècles comme le repaire des barbaresques et notamment des frères Barberousse dont les courses en méditerranée occidentale ont cause autant de tort au commerce maritime et aux habitants des rivages voisins. Nombre d’entre eux y ont séjourné longuement dans l’attente du paiement de leur caution, tel Cervantès ou tant de Corses (les archives notariales de l’ile aux XVe et XVIe siècles regorgent de contrats de libération signés avec des intermédiaires renégats).
Alger, imprenable malgré les canonnades successives de Charles Quint et des rois de France. La ville résistait. Les traites de paix étaient bafoués des l’étranger repartis. Il faudra qu’elle soit prise à revers par la terre et par 30 000 hommes en 1832 pour qu’elle plie. Soumise mais jamais conquise, son cœur sauvage a toujours battu dans la Casbah dont les venelles et le labyrinthe de galeries reliant les puits et citernes des maisonnettes ont toujours permis d’échapper à l’ordre public.
De la bataille d’Alger aux années noires de la décennie 90, les ruelles de la Casbah ont toujours senti le souffre, la peur et la rébellion. La crasse aussi.
En ce matin de décembre, le ciel est pur et l’air tiède à 22 degrés, Armé d’un guide au nom précieux de Safir, je m'immerge dans la casbah. Quatre heures de marche et de découvertes. Car au détour des ruelles sales au trace improbable parcourues par les ânes des éboueurs, derrière les façades lépreuses et aveugles, de véritables petits palais se cachent à la vue. Pour qui en trouve la clef, la Casbah révèle alors l’âme algérienne : intime et rebelle, sauvage et dévote. On n’est pas a un paradoxe près.
Signe des temps : à la chaux des maisons se sont substituées des myriades de paraboles pointant vers un autre horizon. Alger n'est plus blanche. Elle cherche sa couleur sans s'interroger sur la signification de son Patrimoine. Elle vit. Son cœur bat. Ici.